Avec son projet de la Jeune Rue à Paris, Cédric Naudon avait séduit le monde de la gastronomie et du design, convaincant banquiers et investisseurs. Il a été condamné mercredi 5 mai à quatre ans de prison, dont trois ferme, notamment pour escroquerie.
Un mandat d’arrêt a été lancé contre le prévenu, qui n’était pas présent au jugement. Le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné en outre à l’interdiction de gérer une société. La présidente du tribunal a égrené le nom des entreprises pour lesquelles il devra verser des dommages et intérêts : le montant total s’élève à plus de 20 millions d’euros, le passif était estimé à 30 millions d’euros.
Ce devait être un « hub » de la gastronomie
Cédric Naudon, 49 ans, était jugé pour escroquerie, tentative d’escroquerie, banqueroute ou encore abus de biens sociaux, pour une affaire qui remonte à janvier 2014. M. Naudon, qui possède alors le restaurant à la mode Le Sergent Recruteur, promet de transformer le quartier de la rue du Vertbois, dans le centre de Paris, en « hub » de la gastronomie et haut lieu du design. Il voulait ouvrir une trentaine de boutiques. A côté de restaurants et galeries d’art, tous les commerces de bouche devaient être représentés. Il promettait des denrées d’une qualité exceptionnelle, en provenance des meilleurs producteurs français.
Il disait avoir fait fortune aux Etats-Unis et a réussi à convaincre des dizaines de personnes de se lancer dans l’aventure, dont des investisseurs chevronnés. Mais, dès la fin de 2014, le projet s’est effondré. Seulement deux restaurants ont ouvert. Des salariés (il y en avait plus d’une centaine) se sont plaints de ne pas avoir été payés, tout comme des fournisseurs. Pendant ce temps-là, Cédric Naudon vivait place Vendôme et se déplaçait en Maserati.
« Quasiment deux millions d’euros se sont évaporés »
En mars, le parquet avait requis quatre ans de prison contre lui. « On n’en voit pas beaucoup des faits d’escroquerie simples qui se chiffrent sur autant de millions d’euros », avait alors déclaré le procureur. « Une vingtaine de sociétés ont été liquidées, des dizaines de salariés licenciés, des fournisseurs n’ont pas été payés », avait rappelé le procureur. Au contraire, « quasiment deux millions d’euros se sont évaporés pour financer le train de vie exorbitant de M. Naudon ».
Cédric Naudon, qui est désormais employé dans une maison d’édition et gagnerait 2 000 euros par mois, a rejeté la faute sur ses anciens collaborateurs, dont son ex-directeur financier, affirmant « avoir délaissé la partie financière » pour travailler avec « les créatifs ».
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