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Le retour en grâce des villes moyennes à confirmer

La crise sanitaire a renforcé l’attrait des métropolitains pour les zones moins denses. Mais le rééquilibrage du territoire est encore loin d’être gagné.

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Publié le 10 mai 2021 à 12h00, modifié le 11 mai 2021 à 20h26

Temps de Lecture 3 min.

Ville de Mèze (Occitanie), parmi les petites et moyennes villes qui enregistrent les plus fortes progressions de recherches de logement à acheter.

« Alès, la capitale qui ne manque pas d’air », « Sologne-Berry de l’air ! Vierzon à deux heures de Paris » ou encore « Et vous le télétravail, c’était comment ? #MoiDansMonJardin. Indre en Berry » : depuis l’été 2020, les villes en quête d’attractivité rivalisent d’imagination publicitaire dans le métro parisien et les médias. Les confinements ont renforcé les envies d’ailleurs des citadins, elles ont donc bien l’intention de jouer leur carte.

Dans un sondage réalisé en janvier par la plate-forme « Paris je te quitte », 78 % des Franciliens interrogés affirmaient que les confinements avaient accéléré leur envie de quitter Paris. Et 69 % disaient avoir enclenché leur départ. Le phénomène n’est pas nouveau. « Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, la crise du Covid a accéléré un processus déjà à l’œuvre, souligne Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP. Depuis quelques années, on observe une tendance à un début de rééquilibrage des flux démographiques au profit des villes moyennes et d’un certain nombre d’espaces périurbains. » Tandis que les grandes métropoles, longtemps considérées comme le nec plus ultra, perdent de leur superbe en raison d’une forte augmentation des prix de l’immobilier, de la congestion urbaine, des difficultés de déplacement, de la pollution atmosphérique…

De Paris vers la petite couronne

« La tendance porteuse des grandes métropoles est sans doute derrière nous », relève Jérôme Fourquet. Mais changer de lieu de vie n’est jamais un choix anodin. Un certain nombre de forces de rappel s’exercent : la trajectoire professionnelle, la scolarité des enfants, les liens avec la famille et les amis qui pourraient se distendre…

Les envies d’ailleurs ne sont du reste pas forcément pour des destinations très lointaines. « Au vu des recherches de logement, les gens sont moins dans un changement de vie majeur que dans un éloignement de proche en proche : de Paris vers la petite couronne, de la petite couronne vers la grande couronne…, observe Corinne Jolly, directrice du site PAP. fr. Et ce phénomène se vérifie partout en France. » D’après une étude de PAP datant de janvier, les petites villes et villes moyennes qui enregistrent les plus fortes progressions de recherches de logement à acheter sont proches de communes plus importantes : Montpellier pour Mèze (+109 %) et Sérignan (+105 %), Lyon pour Ecully (+98 %), Bordeaux pour Cestas (+135 %), pour n’en citer que quelques-unes.

Mode de vie birésidentiel

« Ce nouvel attrait pour les zones moins denses, souligne Corinne Jolly, est fortement lié au télétravail. » Ce que tous les observateurs confirment. « Une fois la parenthèse de la crise refermée, il est sûr qu’il y aura un nouvel équilibre qui se dessinera entre travail en présentiel et en distanciel. Mais reste à savoir dans quelle proportion ? Tant que ce cadre n’est pas fixé, il est compliqué pour un ménage de prendre sa décision », confirme Thomas Lefebvre, directeur scientifique chez MeilleursAgents.

Le télétravail pousse les urbains à repenser leur façon de vivre. Mais franchiront-ils vraiment le pas ? « Ce que l’on pressent et qu’on commence à voir, explique Jérôme Fourquet, ce n’est pas tant un départ ou exode définitif, mais plutôt le développement d’un mode de vie birésidentiel : la famille vit à un endroit et un membre quitte cet endroit une partie de la semaine pour travailler dans une grande métropole. »

S’ils franchissent le pas de séloigner vraiment, leur choix se portera en tout cas sur une ville qui offre non seulement une bonne qualité de vie, mais aussi une proximité avec une grande agglomération et dispose d’une bonne connexion ferroviaire permettant de la rejoindre en une ou deux heures. Ce dont sont loin de bénéficier toutes les villes moyennes. « Pour éviter de renforcer certaines fractures géographiques, souligne Jérôme Fourquet, avec la montée en puissance du télétravail, l’Etat pourrait favoriser le déploiement d’un certain nombre d’administrations déconcentrées dans les villes moyennes qui sont moins attractives. »

Ce n’est pas Gil Avérous, maire de Châteauroux – ville victime de la réforme territoriale militaire et ayant perdu 2 500 habitants au cours des dix dernières années – qui s’y opposera. Il estime même avoir une carte à jouer aujourd’hui. Sa commune, sur la ligne Paris-Toulouse, s’est offert une campagne publicitaire dans le métro, durant l’été 2020. L’édile se félicite même de voir, cette année, les agences immobilières de son territoire « davantage sollicitées » et les entreprises recruter « plus facilement ».

Cet article est réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le forum InOut.

Forum InOut : l’avenir des villes en quatre émissions

Le forum InOut 2021, qui se déroule du 10 au 31 mai à Rennes, propose cette année un rendez-vous télévisé sur l’avenir des villes en partenariat avec Le Monde et TV Rennes. Chaque lundi pendant quatre semaines sera diffusée une émission en ligne de cinquante minutes, disponible en replay.

Au fil des quatre semaines, retrouver ici les émissions :

Est-il possible de bien vivre en ville ?

La vie connectée est-elle intelligente ?

La ville est-elle faite pour les femmes ?

Y a-t-il un modèle de ville idéale ?

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