Qui sont les sans-abri et pourquoi certains d’entre eux refusent-ils les propositions d’hébergement, pourtant plus nombreuses que jamais durant cette crise sanitaire ? La deuxième édition de l’enquête de terrain menée par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et la Fédération nationale des SAMU sociaux (FMSS), après celle de janvier 2020, soit juste avant la crise, publiée vendredi 14 mai, répond, entre autres, à ces questions. Pour collecter les informations au plus près de là où vivent ces « invisibles », 71 équipes mobiles de maraude, ont, dans 39 départements, interrogé 755 personnes sans abri, toutes rencontrées la nuit du 12 au 13 janvier 2021.
A 80 %, il s’agit d’hommes isolés, une proportion plus élevée de dix points qu’en 2020 donc, en proportion, moins de femmes, d’enfants et de familles grâce à l’effort exceptionnel de l’Etat pour, durant l’état d’urgence sanitaire en vigueur jusqu’au 30 mai prochain, héberger le plus grand nombre.
« Dans l’Oise, le 115 trouve désormais une solution à toutes les demandes émanant de femmes, d’enfants et de familles, qui sont prioritaires, explique Steven Duval, directeur du Samusocial de l’Oise. Les hommes seuls passent après. Ils sont, pour la plupart, des migrants primo-arrivants ou déboutés du droit d’asile voire déjà soumis à l’obligation de quitter le territoire, ou encore de grands exclus pour qui nous n’avons pas de solution d’hébergement adaptée. » « A Lyon, la situation reste tendue mais, grâce aux 1 500 places supplémentaires dont nous avons bénéficié, beaucoup moins de monde dort dans la rue, témoigne Maud Bigot, du Samusocial de la métropole. En revanche, pour ceux qui sont encore dehors, les délais d’attente d’une place en hébergement s’éternisent. »
« Les grands exclus ont été abandonnés »
L’enquête révèle que le temps d’errance des personnes rencontrées s’allonge, de plus de trois ans pour 54 % d’entre eux, soit 16 points de plus qu’en 2020, comme si le noyau dur des grands exclus ne se résorbait pas. « Beaucoup d’entre eux refusent d’aller dans des structures au règlement contraignant, aux horaires stricts et aux interdictions nombreuses, comme de venir avec un animal ou de s’alcooliser bien que le confinement ait apporté quelques souplesses sur ce dernier point en ouvrant des espaces ad hoc », détaille Sandrine Elie, chef de service de l’association Trait d’union qui gère le Samusocial du Calvados.
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