Premiers vaccinés, mais pas premiers déconfinés. Le « chemin des retrouvailles » que Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’autonomie, affirme vouloir ouvrir, depuis le 13 mars, se révèle semé d’embûches. Alors que la très grande majorité des résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est vaccinée – même si Santé publique France n’a pas mis à jour les statistiques depuis le 18 avril après avoir reconnu des erreurs de calcul –, le gouvernement est confronté à la colère de nombreuses familles. Elles dénoncent le grand écart entre les encouragements de l’exécutif à ouvrir les portes et les réflexes de prudence des établissements.
Pour faire pièce aux critiques des usagers, le ministère de la santé a publié un nouveau protocole à l’intention des Ehpad, qui s’appliquera le 19 mai. Le document « fait désormais de la liberté d’aller et venir la règle et des mesures de restriction l’exception », a expliqué Mme Bourguignon, mercredi 12 mai. Le document demande que « chaque direction d’établissement porte une attention forte aux droits et libertés individuels des personnes accompagnées ». « Les visites doivent ainsi pouvoir être garanties (…). La direction élabore des mesures proportionnées de gestion de l’épidémie après consultation des résidents, des familles et des professionnels. »
Le document a pour objectif de mettre fin aux « situations abusives », selon Mme Bourguignon. « On ne peut plus entendre que les visites ne sont pas autorisées en chambre, alors que c’est prévu. Nous ne pouvons plus entendre non plus que les sorties sont interdites, alors que la liberté d’aller et venir, elle est pour tous les citoyens », a-t-elle martelé au micro de RTL, le 12 mai. Son cabinet estime cependant que « seuls 10 % des Ehpad » sur 7 000 au total s’obstinent à maintenir des règles trop strictes.
« Personne ne prend ses responsabilités »
Mais, sur le terrain, le ressentiment des familles est profond : près d’une quinzaine de collectifs, dont la plupart se sont montés ces dernières semaines, dénoncent les « Ehpad-prisons » et les « abus de pouvoir » des directeurs. Ces associations ont trouvé un écho et un relais auprès de la Défenseure des droits, Claire Hédon, dont le rapport publié le 4 mai met en exergue l’accentuation depuis la crise des « atteintes aux droits et libertés des résidents, plus particulièrement leur droit au maintien des liens familiaux, leur liberté d’aller et venir et le respect de leur consentement ».
Il vous reste 68.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.