« On te renie, tu n’es plus notre fille » ont été les derniers mots prononcés par les parents de Sonia, 20 ans, à l’annonce de sa mise en couple avec une femme, juste avant de la chasser du domicile familial, la laissant sans ressources et sans solution d’hébergement.
Victor, lui, n’a pas été jeté dehors. Mais, confiné au printemps 2020 avec sa famille hostile à son homosexualité, il a enduré pendant des semaines les insultes de sa sœur qui le traitait de « pédé, suceur de bites ». Quant à Ibrahim, jeune homme transgenre, ses parents lui ont confisqué ses papiers d’identité afin de l’empêcher d’obtenir son changement de genre à l’état civil, le qualifiant de schizophrène…
Ces récits de discriminations et de violences sont rassemblés dans le rapport 2021 de SOS-Homophobie, présenté lundi 17 mai, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. En raison du contexte particulier lié à la crise sanitaire, qui a limité les moyens d’action de l’association, comme les interventions en milieu scolaire, et empêché pendant quelque temps le bon fonctionnement de sa ligne d’écoute, seuls 1 815 témoignages ont été recueillis en 2021, contre 2 396 l’année précédente.
Mais dans cette masse, SOS-Homophobie, qui se veut un observatoire des LGBTphobies en France, s’inquiète notamment d’une hausse des signalements au sein de la famille, miroir du phénomène plus général de hausse des violences intrafamiliales enregistrée en 2020. Ainsi, le contexte « Famille et entourage proche » représente l’an passé 13 % de l’ensemble des témoignages rapportés à SOS-Homophobie (soit 176 cas), contre 10 % les années précédentes. A l’inverse, les actes LGBTphobes signalés dans l’espace public sont en baisse, les agressions dans ce contexte représentant 36 % des cas en 2020, contre 48 % en 2019.
« Le sentiment d’impunité associé au cercle privé, soustrait au regard de la société et souvent de la justice, semble exacerber les réactions et les expressions LGBTphobes », alertent les auteurs du rapport. En toute logique, cette augmentation va de pair avec un nombre plus élevé de jeunes ayant sollicité la ligne d’écoute. « Pour les faits survenus dans le cadre familial, 48 % des victimes ont moins de 25 ans, et les parents sont les principaux auteurs des discriminations et des actes LGBTphobes », précise Lucile Jomat, la présidente de l’association.
Il vous reste 52.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.