Avec Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé est l’absent le plus présent de ce procès. Pas une journée d’audience sans que son nom soit évoqué. L’ex-secrétaire général de l’UMP (le parti présidentiel devenu Les Républicains) est attendu, mercredi 9 juin, à la barre du tribunal correctionnel de Paris en qualité de témoin. Contrairement à l’ancien président de la République, et contrairement surtout à ceux qui travaillaient au plus près de lui – son directeur de cabinet, Jérôme Lavrilleux, son directeur de cabinet adjoint, Pierre Chassat, le directeur général du parti, Eric Cesari, et la directrice des affaires financières, Fabienne Liadzé –, Jean-François Copé n’a jamais été poursuivi dans l’affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy.
« Si l’on peut trouver étonnant que le secrétaire général de l’UMP n’ait pas cherché à comprendre les raisons pour lesquelles son parti se trouvait au bord du défaut de paiement à la fin du mois d’avril 2012, l’enquête n’a pas permis de découvrir d’éléments matériels laissant penser qu’il était avisé du système de fausse facturation ou en capacité de le détecter. Par ailleurs, il n’a été mis en cause par aucune des personnes poursuivies dans ce dossier », écrivait le juge Serge Tournaire, dans son ordonnance de renvoi.
« Ceinture sanitaire »
Lors de son interrogatoire, lundi 31 mai, Fabienne Liadzé avait traduit cela en termes plus abrupts : « Il y a une ceinture sanitaire autour de Jean-François Copé. Fabienne, on s’en fout, on peut la charger, ça n’aura aucune conséquence politique ! »
Cette « ceinture sanitaire », ils sont plusieurs à tenter de la desserrer. L’offensive a été lancée au premier jour de l’audience par Me Luc Brossollet, l’avocat de Franck Attal, l’un des anciens dirigeants d’Event & Cie, la filiale de Bygmalion spécialisée dans l’événementiel, qui reconnaît avoir participé à un système de fausse facturation des meetings du président candidat et affirme avoir obtempéré à une demande de l’équipe de campagne, transmise par Jérôme Lavrilleux.
« La justice ne peut pas être rendue sur la foi d’une vérité incomplète et tronquée ! », avait observé Me Brossollet. Désignant du doigt les anciens collaborateurs de Jean-François Copé, il s’était exclamé : « Ces quatre-là auraient décidé ensemble de se lancer dans une fraude à l’insu de leur employeur ? Mais c’est une fable ! »
Quelques jours plus tard, son client Franck Attal avait raconté à la barre sa convocation dans le bureau du patron de l’UMP, à la fin de l’année 2012, après les premières révélations dans la presse sur le maquillage des comptes de campagne. Et le « grand moment de solitude » vécu face au secrétaire général qui lui avait demandé : « Franck, mais qu’est-ce que c’est cette histoire de factures et de conventions ? », avant de tourner les talons sans attendre d’explication. « J’ai réalisé tout de suite la supercherie », avait dit Franck Attal.
Il vous reste 48.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.