Son histoire fait écho à celle de Jacqueline Sauvage, sexagénaire condamnée à dix ans de prison pour avoir abattu de trois coups de fusil dans le dos son mari en 2012, après plus de quarante-cinq années de violences conjugales.
Valérie Bacot, 40 ans, a tué d’une balle dans la nuque son époux en mars 2016 avant d’enterrer son corps dans les bois de La Clayette, en Saône-et-Loire, à quelques kilomètres de son lieu de résidence. Deux fils du couple se sont relayés pour creuser la tombe de fortune de leur père et se sont tus pendant un an et demi. Jusqu’à ce que la mère du petit ami de la fille – qui avait lui aussi aidé à transporter et à enterrer le cadavre – les dénonce. Le 3 octobre 2018, Valérie Bacot a été mise en examen du chef d’assassinat. Son procès s’ouvre lundi 21 juin devant la cour d’assises de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône.
Viols, violences, menaces de mort, prostitution forcée… Pour expliquer son geste, face aux enquêteurs puis dans un livre (Tout le monde savait, Fayard, 208 pages, 18 euros), cette mère de quatre enfants raconte une vie sous emprise, l’enfer d’un quotidien soumis à la tyrannie d’un mari chauffeur routier alcoolique et accro au porno surveillant tous ses faits et gestes. Un mari qui avait d’abord été le compagnon de sa mère et avait commencé à abuser d’elle sexuellement alors qu’elle n’était âgée que de 12-13 ans.
Daniel Polette, 61 ans à sa mort, avait reconnu les actes sexuels mais avait soutenu qu’ils étaient consentis. Condamné et incarcéré pendant plus de deux ans pour ces faits d’agression sexuelle, il s’était installé avec la jeune femme peu de temps après sa sortie de prison. Elle avait 17 ans et voulait, dit-elle, échapper à une mère violente, alcoolique et suicidaire. Ensemble, ils ont eu quatre enfants.
Les fils aînés, âgés de 17 et 16 ans au moment des faits, ont été mis en examen pour « recel de cadavre d’une personne victime d’homicide », ainsi que le petit ami de leur sœur, alors âgé de 16 ans. Le 19 décembre 2020, ils ont été condamnés à une peine de six mois de prison avec sursis par le tribunal pour enfants de Mâcon, accompagnée de deux ans de mise à l’épreuve et d’une obligation de soins.
Contrainte à se prostituer
Placée en garde à vue le 2 octobre 2017, Valérie Bacot raconte alors ce qu’elle n’avait jamais confié à ses proches avant le drame : son mari la prostituait depuis quatorze ans. Entre 20 euros et 50 euros la passe sur des aires de repos situées en bordure des routes nationales à l’arrière d’une Peugeot 806 aménagée par les soins de son ex-beau-père – rideaux, matelas, couette, plaques en polyester pour obstruer les fenêtres – qui lui donnait ses instructions par une oreillette. C’est dans ce véhicule que Valérie Bacot l’a tué. Les sièges avant ont été jetés à la déchetterie puis changés par l’un des fils avec des sièges d’occasion. Quant à l’arme du crime – un revolver style 22 long rifle –, elle a été détruite.
Il vous reste 43.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.