Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Au procès du 13-Novembre, les audios et vidéos de revendication de l’EI décryptés par un enquêteur

Un message sonore et des extraits du film ultra-violent de revendication des attentats ont été diffusés, vendredi, dans la salle d’audience et analysés par un policier spécialisé.

Par 

Publié le 25 septembre 2021 à 05h41, modifié le 28 septembre 2021 à 15h13

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

Sur les écrans du tribunal où se déroule le procès des attaques terroristes du 13 novembre 2015 sont diffusées des vidéos de l’organisation Etat islamique, à Paris, le 24 septembre 2021.

Il y a d’abord eu le son. Le chant au charme toxique, entêtant, qui accompagne le premier message audio de revendication des attentats du 13-Novembre. Il a empli la salle d’audience pendant de longues minutes, vendredi 24 septembre. Sont ensuite venues les images : des extraits du film de dix-sept minutes, superproduction de la terreur, diffusé deux mois plus tard par l’organisation Etat islamique (EI). Il y a surtout eu le commentaire, qui s’est évertué à donner un sens à cet esthétisme mortifère : les analyses toujours précises du témoin du jour, un enquêteur de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT), qui ponctuait chaque séquence d’un « quels enseignements peut-on en tirer ? » ou « que nous apprend ce passage ? ».

La cour d’assises spéciale de Paris était invitée, au treizième jour du procès des attentats du 13-Novembre, à plonger au cœur de l’appareil de propagande de l’EI et de son « djihad médiatique ». L’EI a professionnalisé cet aspect du combat, théorisé quelques années plus tôt par Al-Qaida, en créant une agence médiatique chargée de produire des contenus afin d’« asseoir son positionnement en tant qu’Etat », explique le policier. Mais les revendications que l’EI va « feuilletonner » après le 13 novembre 2015 ont aussi servi à « galvaniser sa base » et à « amplifier la terreur » de l’ennemi en retournant ses références contre lui : « Le produit fini, de grande qualité, reprend les codes de la pop culture occidentale, comme les jeux vidéo ou les films… »

« Avance, avance, avance… »

La première revendication des attentats du 13 novembre 2015 a été publiée quelques heures après le massacre, le 14 novembre à 11 h 54, sur la messagerie Telegram. L’enquêteur a décidé de diffuser cet audio en intégralité. Il dure plus de cinq minutes. L’enregistrement débute par un nachid, un chant islamique a cappella, seule expression musicale tolérée par l’EI.

La voix du djihadiste français Jean-Michel Clain, un cadre de la propagande présumé mort et jugé en absence à ce procès, résonne dans la salle : « Avance, avance, avance. Sans jamais reculer, jamais capituler. Avance, avance, avance, avance. Guerrier invaincu l’épée à la main, tue-les. » La salle d’audience est décontenancée par les effets paradoxaux de ce chant doux et entraînant qui appelle au meurtre. Jean-Michel Clain laisse la parole à son frère Fabien, qui va lire le communiqué de revendication :

« … Huit frères portant des ceintures d’explosifs et des fusils d’assaut ont pris pour cible des endroits choisis minutieusement à l’avance au cœur de la capitale française : le Stade de France, lors du match des deux pays croisés : la France et l’Allemagne (…), le Bataclan, où étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité, ainsi que d’autres cibles dans le 10e, le 11e et le 18e arrondissement de Paris… » Le texte se termine par une menace à l’encontre des pays qui « insultent le prophète » et « frappent les musulmans en terre du “califat” avec leurs avions ».

Il vous reste 63.75% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.