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Au procès du 13-Novembre, les « balles invisibles » qui ont tué Guillaume, la 131e victime des attentats

Rescapé du Bataclan, le jeune homme s’est suicidé deux ans plus tard dans une clinique psychiatrique, en proie à un délire hypocondriaque et à une dépression sévère.

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Publié le 27 octobre 2021 à 04h46, modifié le 01 juillet 2022 à 12h58

Temps de Lecture 3 min.

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Une audience à la cour d’assises de Paris, au procès des attentats du 13-Novembre.

Guillaume Valette est ressorti physiquement indemne du Bataclan. Quand Alain, son père, l’a retrouvé au milieu de la nuit dans Paris, le jeune homme était « couvert de sang, glacé et exténué ». Mais sans blessures apparentes. Mardi 26 octobre, ce septuagénaire à la voix enveloppante est pourtant venu évoquer, comme tant d’autres parents avant lui, la mémoire de son fils, au procès des attentats du 13-Novembre. Guillaume s’est suicidé deux ans après avoir vu l’enfer de trop près et a été reconnu, en 2019, comme la 131e victime de ces attaques. Il avait 31 ans.

« Guillaume n’a pas reçu de balles dans le corps, mais des balles invisibles, qui l’ont tué, doucement mais sûrement, commence le père, tandis que s’affiche à l’écran une photo du fils, silhouette chétive posant par un jour de printemps devant la pyramide du Louvre, un casque audio autour du cou. Dans les deux années qui ont suivi, son état psychique s’est dégradé, comme une gangrène. Le 19 novembre 2017 au matin, c’est dans une chambre de la clinique Jeanne-d’Arc, à Saint-Mandé, qu’il a été retrouvé pendu. »

Le 13 novembre 2015, Guillaume était dans la fosse quand les premiers coups de feu ont retenti. Il a raconté à ses proches cette rencontre avec la mort qui, il l’ignorait alors, était entrée en lui. Le père restitue le récit du fils : « Il s’est couché au sol et a aperçu sur sa gauche une jeune fille regarder fixement le plafond. Il a compris qu’elle était morte. Son corps a été pris d’une crise de tremblements. Une jeune femme à ses côtés a serré sa main et lui a dit : “Calme-toi, ça va aller.” Si elle est encore vivante, nous la remercions pour ce geste de tendresse, en plein chaos, envers notre enfant. »

« La vie d’avant, c’est fini »

A la faveur d’un mouvement de foule entre deux rafales, Guillaume atterrit sur un amas de personnes fauchées par les balles – qu’il décrira atrocement comme de la « boue humaine » –, essaie de « cacher sa tête dans l’enchevêtrement des corps », puis finit par s’enfermer avec d’autres spectateurs dans une loge jusqu’à l’intervention des forces de police. « Pendant plus de deux heures, Guillaume a tout entendu. Ce qui l’a longtemps hanté, ce sont les cris des blessés. » Quand sa famille le retrouve au milieu de la nuit, il dit : « La vie d’avant, c’est fini. »

Le père prend maintenant à son compte le récit de la longue descente aux enfers de son fils. Les mois qui suivent ressemblent à ceux vécus et racontés à ce procès par nombre de rescapés du 13-Novembre. Le jeune homme présente tous les symptômes du stress post-traumatique : hypervigilance, cauchemars, anxiété… Il ne sort presque plus, évite les lieux clos, est affecté par le moindre fait divers, chaque nouvel attentat réveille ses angoisses.

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