Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé, mercredi 14 juillet, son intention d’exclure des stades les supporteurs ayant proféré des insultes racistes en ligne contre des joueurs. Cette déclaration survient après que de telles attaques ont visé trois joueurs noirs de l’équipe d’Angleterre.
A la suite de la finale de l’Euro, perdue par l’Angleterre contre l’Italie dimanche à Wembley, Jadon Sancho, Bukayo Saka et Marcus Rashford avaient été visés par un torrent d’attaques racistes sur les réseaux sociaux. Ces comportements avaient été unanimement dénoncés par le gouvernement et les instances sportives.
« Je condamne très fermement les déferlements racistes auxquels nous avons assisté dimanche soir », a déclaré Boris Johnson devant les députés. « Et donc, ce que nous faisons aujourd’hui, c’est prendre des mesures pratiques pour assurer que le régime d’interdiction [de stade] de football soit modifié, de sorte que si vous êtes coupable d’injures racistes en ligne envers des footballeurs, vous ne pourrez vous rendre au match. Pas de mais, pas d’exemptions et pas d’excuses », a annoncé le dirigeant conservateur.
Une pétition avec plus d’un million de signatures
Ce régime d’interdiction a été créé en 1989 pour prévenir les troubles causés par les hooligans anglais lors de matchs. Le gouvernement de Boris Johnson était sous pression pour agir, après un appel du parti travailliste, principale formation d’opposition, en faveur d’une telle extension de l’interdiction au racisme en ligne, tandis qu’une pétition sur Internet demandant un bannissement à vie a déjà recueilli plus d’un million de signatures.
Entrés en fin de rencontre, dimanche, au stade londonien de Wembley, Jadon Sancho, Bukayo Saka et Marcus Rashford avaient manqué leurs penaltys. Ces tirs ratés ont scellé la défaite de l’Angleterre face à l’Italie, brisant ainsi le rêve de tout un pays, qui espérait décrocher un deuxième titre majeur, cinquante-cinq ans après son succès à domicile lors de la Coupe du monde de 1966.
Changer le régime d’interdiction des stades est « complexe », car certains des auteurs d’injures se trouvent à l’étranger, a expliqué Victoria Atkins, secrétaire d’Etat au ministère de l’intérieur, à la Chambre basse du Parlement. « Nous voulons vraiment travailler avec les clubs de football et autres pour assurer que ces ordres aient les pouvoirs que nous voulons qu’ils aient », a-t-elle ajouté.
Le gouvernement a lui-même été accusé d’hypocrisie, notamment par le Parti travailliste, pour avoir refusé de condamner les supporteurs huant les Three Lions lorsqu’ils posaient le genou à terre pour dénoncer le racisme. Un équipier des trois footballeurs, Tyrone Mings, avait aussi accusé la ministre de l’intérieur, Priti Patel, d’avoir « attisé le feu ». Boris Johnson s’en est défendu : « Nous avons été très clairs sur le fait que personne ne devrait huer l’équipe d’Angleterre ».
Mardi, le premier ministre avait reçu à Downing Street des représentants des sociétés de réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, TikTok, Snapchat et Instagram. Le dirigeant a dit leur avoir « très clairement signifié que nous allons légiférer pour répondre à ce problème », en référence à un nouveau projet de loi sur la sécurité en ligne. « Si elles ne retirent pas la haine et le racisme de leurs plates-formes, elles risquent des amendes allant jusqu’à 10 % de leurs revenus mondiaux », a-t-il martelé.
La police du Grand Manchester a annoncé, mercredi, l’arrestation d’un homme de 37 ans, pour la publication de commentaires racistes sur les réseaux sociaux après la finale de dimanche. Il s’est rendu de lui-même aux forces de l’ordre.
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