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« Robocop ». Tel est le surnom de Kaïs Saïed. Sa diction sans embardées, son usage d'un arabe littéraire rigoureux (quand beaucoup de candidats parlent en dialecte), son analyse essentiellement fondée sur les problèmes constitutionnels du pays, ses positions conservatrices sur les questions de société : la métaphore avec le justicier mi-homme mi-robot allait de soi. L'humour tunisien, mordant, a fait le reste. D'autres ont fait le rapprochement avec « Robespierre », un « Robespierre sans guillotine, mais si la situation était celle d'il y a deux siècles, il l'aurait utilisée », s'amusait un observateur. Il est l'un des favoris des sondages depuis de nombreux mois.
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Le prof de droit constitutionnel pointe les manquements
Ses mentors académiques n'étant plus au centre de l'agora, notamment le professeur Lyad Ben Achour qui a joué un rôle important dans les mois qui ont suivi la révolution, Kaïs Saïed s'est imposé à force de passages télévisés, le JT de la Wataniya 1 particulièrement. Il explique que l'instabilité politique actuelle est liée au non-respect de nombreuses lois constitutionnelles. La Cour constitutionnelle, par exemple, devait être mise en place en 2015. Les jeux politiques ont fait qu'elle n'existe toujours pas en 2019, ce qui laisse un vide dangereux.
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Une instance provisoire a été installée à l'Assemblée des représentants du peuple afin d'examiner la constitutionnalité des lois, mais ce provisoire devient pérenne. Lorsque le président de la République Béji Caïd Essebsi a été plongé dans un coma artificiel le 27 juin dernier, certains parlementaires voulaient prononcer la « vacance du pouvoir ». Seule la Cour constitutionnelle en a le pouvoir.
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Kaïs Saïed explique également que le Conseil supérieur de la magistrature ne remplit pas pleinement son rôle, l'indépendance requise n'étant pas au rendez-vous. Il est ainsi le candidat Saïed. Il veut que la Constitution soit appliquée à la lettre pour que la marche du pays se fasse dans la transparence. Constitution à laquelle il veut apporter des changements de fond. Notamment à l'Assemblée afin qu'elle soit plus représentative du pays. Les députés ne seraient plus élus au suffrage direct mais par des élus locaux qui, eux, seraient élus au suffrage universel direct. Une modification en profondeur de l'institution numéro un du pays. Il s'agit d'un régime parlementaire.
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Un Spartiate en campagne
Si certains candidats rivalisent de promesses, de projets fastueux, de plans sur la comète faisant abstraction de la situation politique, le sien est une épure. Le numéro 17 sur les bulletins de vote est un solitaire assumé, volontairement sans parti ni réels moyens. Il prend les transports en commun. Une jeunesse lettrée l'accompagne. Il a une idée très haute de la fonction présidentielle et se refuse à faire des promesses qui relèvent de l'exécutif. Il veut lutter contre la corruption, qu'elle soit morale ou financière. Sur les questions de société, il est pour la peine de mort, contre l'homosexualité (délit passible de trois ans de prison en Tunisie)… Lors du troisième débat télévisé entre candidats, il n'a pas dévié de sa feuille de route. Sa campagne est un modèle d'ascétisme. Ni meetings coûteux ni campagnes de communication tonitruante. Kaïs Saïed marche. Il va à la rencontre des gens sans effusion de sentiments. Sanglé dans un costume imperméable aux mouvements, la démarche droite, il assume sa stature d'homme de peu mais pourvu de savoirs universitaires. Pour sacerdoce, il a indiqué que ni lui ni sa femme ne voteraient pour lui. La pureté démocratique jusqu'à l'absolu.