Macron démissionne avec l’Elysée en ligne de mire
+ VIDEOS - Le ministre de l’Economie veut se consacrer à son mouvement En Marche. Il n’a pas franchi le cap d’une candidature en 2017 mais s’en approche.
Emmanuel Macron a franchi le pas et fait, en même temps, un grand saut dans l’inconnu. Le ministre de l’Economie a présenté ce mardi sa démission à François Hollande, une démission annoncée comme imminente dès ce mardi matin par « Les Echos ». A 38 ans, après deux ans passés à l’Elysée comme secrétaire général adjoint et deux autres années à Bercy, il souhaite se consacrer à son mouvement, En Marche, créé en avril.
« Le moment est venu pour moi d’amplifier la dynamique lancée ces derniers mois. En Marche portera les convictions, les positions et l’énergie de tous les progressistes », a-t-il expliqué à ses proches. Emmanuel Macron pensait à sa démission depuis plusieurs mois. Depuis le lancement de son mouvement, mais aussi depuis que son espace, au sein du gouvernement, se rétrécissait au fur et à mesure qu’il se sentait pousser des ailes.
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Les petites phrases, les divergences de fond avec certains socialistes et les tensions récurrentes avec Manuel Valls l’ont convaincu qu’il devait partir. « Valls l’empêchait d’exister », constate un de ses soutiens. Emmanuel Macron comptait démissionner plus tôt dans l’été, après son premier grand meeting du 12 juillet, conforté dans cette idée par le nouveau recadrage opéré à cette occasion par François Hollande et Manuel Valls. « Il a fait le constat qu’il ne pouvait en même temps donner une suite politique à son mouvement et achever son action au sein du gouvernement », confirme un ministre. Il ne restait qu’à trouver le bon créneau. Les attentats de l’été l’en ont empêché, mais ce n’était que partie remise.
Le discours d’un candidat en puissance
Sa décision de démissionner ce mardi a été arrêtée la semaine dernière. « La rentrée était calme pour lui. C’est un bon créneau », veut croire un député qui lui est proche. Surtout, il maîtrise son calendrier. L’Elysée a pris acte. « Hollande avait fixé les règles, Macron a pris sa décision. C’est un choix personnel », relativise l’entourage présidentiel.
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L’ancien locataire de Bercy n’a pas encore franchi la ligne d’une candidature à l’Elysée l’année prochaine. S’exprimant en fin d’après-midi, il n’en a pas moins tenu un discours d’un candidat en puissance. « C’est un choix libre et responsable, c’est une nouvelle étape qui commence », a-t-il dit.
Tout laisse penser que cet objectif lui trotte dans la tête. Il est encore trop tôt pour se lancer mais Emmanuel Macron se prépare. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, un de ses plus grands supporters, est chargé de récolter les 500 parrainages nécessaires pour se présenter. Son équipe comprend déjà un trésorier de campagne. Ses soutiens au Parlement se mobilisent. Emmanuel Macron entend faire des propositions en octobre après la restitution des résultats de sa grande marche auprès des Français. La question de la candidature se posera dans la foulée.
Trouver son espace
Emmanuel Macron veut être prêt. Au cas où François Hollande, empêtré par une cote de popularité en berne et une majorité qui peine à se mobiliser, ne puisse prétendre à un second mandat. A ses proches, Emmanuel Macron ne dit pas s’il est prêt à se présenter contre lui, à tuer le père en politique, doublant celui qui l’a propulsé sur le devant de la scène en moins d’un quinquennat. Sur le plan politique, Emmanuel Macron doit aussi trouver son espace pour une éventuelle candidature. Celui qui s’est d’abord proclamé « ni droite ni gauche » avant de renier cette formule doit réussir à aller au-delà de clivages qu’il trouve dépassés. Il doit surtout parvenir à transformer sa forte popularité en intentions de vote. « Il aura du mal à être le candidat de la gauche, il aura du mal à être le candidat de la droite », a ironisé le député LR Edouard Philippe, porte-parole d’Alain Juppé.
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Pour l’instant, Emmanuel Macron arrive surtout à s’attirer les critiques de plus en plus fortes des deux côtés de l’échiquier politique. L’ampleur des réactions politiques suite à son départ, de l’extrême-gauche au FN, n’en montre pas moins qu’il intrigue autant qu’il fascine. Son départ cache aussi une démarche inédite sous la Ve République : jamais un ministre en exercice n’a démissionné dans l’optique d’une présidentielle, huit mois avant l’échéance.
Mais la route sera encore longue jusqu’au printemps 2017. Certains jugent même son départ trop tardif. « Il faut des réseaux, des moyens, être vraiment identifié. Est-ce le cas ? », se demande un entrepreneur qui le connaît bien. Emmanuel Macron a franchi une étape ce 30 août, mais la route vers l’Elysée sera encore longue. Et parsemée d’embûches.
VIDEO L'analyse de Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos
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