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Scandale Crypto: plusieurs ministres savaient, selon la presse

Selon la NZZ am Sonntag, les ex ministres des années 90 Arnold Koller (PDC),  Jean-Pascal Delamuraz (PLR) et Flavio Cotti (PDC) étaient informés des machinations de Crypto AG. Le Matin Dimanche ajoute les zougois PLR Georg Stucky et Rolf Schweiger

La façade de Crypto à Steinhausen.  — © REUTERS
La façade de Crypto à Steinhausen.  — © REUTERS

L'affaire Crypto et les documents d'archives secrets révélés continuent de secouer le monde politique suisse. Plusieurs conseillers fédéraux et des conseillers aux Etats notamment, de toutes les régions linguistiques auraient eu connaissance des activités d'espionnage de l'entreprise zougoise Crypto AG. Selon la NZZ am Sonntag et la SonntagsZeitung, la conseillère fédérale PLR Karin Keller-Sutter a soumis au Conseil fédéral des documents destinés à montrer que l'ancien ministre de la Justice Arnold Koller (PDC) avait bien été bien informé des enquêtes de la police fédérale sur Crypto AG dans les années 1990.

Sur le même sujetCrypto AG: Kaspar Villiger répète qu'il ne savait rien

Il aurait aussi eu connaissance des contacts de l'ancien conseiller fédéral Kaspar Villiger (PLR) avec un membre du conseil d'administration de la société. Ce dernier, déjà cité cette semaine par la presse qui s'appuie sur des documents de la CIA, a nié à plusieurs reprises avoir été au courant. La NZZ am Sonntag, s'appuyant sur des lettres datant du début de 1994 consultées au centre d'archives de Zoug, affirme aussi que le ministre de l'Economie de l'époque, le Vaudois Jean-Pascal Delamuraz (PLR) et celui des Affaires étrangères, le Tessinois Flavio Cotti (PDC) étaient informés des machinations de Crypto AG. Les lettres ont été écrites par un homme d'affaires travaillant pour la distribution de la société en Iran qui avait été arrêté en 1992 en même temps que l'employé suisse Hans Bühler.

Des PDC et des PLR 

A cette liste déjà bien étoffée, Le Matin Dimanche ajoute deux libéraux-radicaux zougois: l'ancien conseiller national et conseiller d'Etat Georg Stucky, par ailleurs membre puis président du conseil d'administration de Crypto AG, pendant de nombreuses années ainsi que l'ancien conseiller aux Etats Rolf Schweiger, brièvement président des radicaux en 2004, puis membre du conseil d'administration de Crypto AG de 2014 à 2018. Et l'hebdomadaire romand de relever que beaucoup des personnes pointées du doigt sont issues des rangs du PLR. «Un pur hasard», selon la conseillère nationale bernoise Christa Markwalder. «On parle d’une autre époque. Les postes clés étaient en mains PLR», tempère aussi le vice-président actuel du parti suisse, le Valaisan Philippe Nantermod.

L'hebdomadaire lémanique souligne qu'au moins un autre parti est éclaboussé pour l'heure: le PDC. Des questions subsistent en effet autour du degré d’information de l’ancien ministre de la Justice Arnold Koller ainsi que du chef de la police fédérale Urs von Däniken. Une autre révélation dans la NZZ am Sonntag semble aussi confirmer que certains membres des autorités savaient: l'ancien responsable du secteur développement au sein de l'entreprise, Peter Frutiger, y affirme dans un entretien les avoir informés des agissements de Crypto AG après son départ à la fin des années 1970.

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De quoi donner bien du travail à l'ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer. Interrogé dans les pages du Matin Dimanche et de la SonntagsZeitung, celui qui a été mandaté par le Conseil fédéral pour mener l'enquête parle d'«une mission des plus passionnantes». Son travail étant de «reconstituer soigneusement les faits», leur évaluation ne sera plus de son ressort. Cela doit être fait par le Conseil fédéral ou le Parlement. En réaction au scandale Crypto, certains parlementaires veulent consolider la surveillance du service de renseignement, rapporte encore le SonntagsBlick.

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Pour rappel, l'émission Rundschau de la télévision alémanique a révélé mardi que la CIA et les services de renseignements allemands (BND) auraient, durant des dizaines d'années, intercepté des milliers de documents de plus de 100 pays via les appareils de chiffrement de l'entreprise Crypto.

Les autres sujets traités dans la presse:

Les pesticides dans le SonntagsBlick: La ministre du département de l'Environnement, des Transports, de l'Energie et de la Communication Simonetta Sommaruga veut maintenir la limite légale de 0,1 microgramme de glyphosate par litre d'eau potable. Son ministère a confirmé qu'il n'y aurait pas d'augmentation pour ce pesticide, écrit le SonntagsBlick. Cette valeur maximale s'applique également aux autres pesticides. En principe, aucune substance présente dans l'eau potable ne pourra dépasser ce seuil. Les règles concernant dix autres substances devraient aussi être renforcées, croit savoir le SonntagsBlick. Le DETEC n'a pas souhaité commenter davantage. Ce faisant, toutefois, la conseillère fédérale socialiste prend le contre-pied de la démocrate-chrétienne Doris Leuthard, qui l'avait précédée à la tête du département et qui souhaitait relever le seuil du glyphosate notamment.

Des médecins mis en cause dans le SonntagsBlick : L'entreprise américaine de technologie médicale Nevro promettait aux médecins suisses certains remboursements s'ils utilisaient avec succès ses produits sur leurs patients. Le SonntagsBlick qui révèle l'affaire s'appuie sur un contrat qu'elle a pu se procurer. Selon le document, la société active dans le traitement des douleurs chroniques a versé aux médecins suisses 10'000 francs de récompense pour chaque implant Nevro placé sous la peau des patients. Ainsi, celui qui place pour 800'000 francs de stimulateurs de cette marque dans le dos d'un patient reçoit 160'000 francs en échange. En d'autres termes, il se voit récompensé d'avoir choisi la procédure la plus coûteuse. L'implant est généralement transplanté en ambulatoire et facturé selon le tarif Tarmed. Cet échange de bons procédés serait désormais terminé. Contactée par le journal alémanique, l'entreprise a indiqué qu'elle avait durci les directives en matière de rabais l'année dernière. En conséquence, certains contrats en Suisse ont été adaptés pour répondre aux nouvelles normes de la firme.

Un mystérieux espions dans la SonntagsZeitung : La Suisse a arrêté un agent russe sur son territoire et l'a condamné pour espionnage en janvier. Inconnue jusqu'ici, l'affaire reste mystérieuse même après la condamnation, écrit la SonntagsZeitung qui a mené une enquête. L'agent aurait traversé la Suisse l'été dernier à bord d'une Range Rover, transportant un drone et six téléphones portables. Sa mission était de poursuivre les dissidents ou oligarques russes tombés en disgrâce. En raison «d'intérêts prépondérants au maintien du secret», le ministère public de la Confédération a noirci de nombreux passages de l'ordonnance pénale. Même la nationalité de la personne condamnée et le nom des services secrets pour lesquels il aurait travaillé ont été biffés. Les recherches du journal ont montré que l'homme condamné était un Russe travaillant pour le service des renseignements extérieurs de Russie (SVR). Il a écopé de six mois de prison, mais aurait déjà recouvré la liberté, sa détention préventive ayant été comptabilisée dans la peine.

Le Matin Dimanche empoigne les cancers de l'enfant : La fondation genevoise Cansearch, qui mène des recherches contre le cancer de l’enfant, et la plateforme de vente en ligne QoQa s’allient pour lever des fonds afin de financer une étude d'un an sur le sujet, écrit Le Matin Dimanche. Celle-ci veut collecter l’ADN d’anciens patients, analyser le matériel génétique et les données cliniques de chacun d’eux pour savoir si des gènes augmentent les séquelles liées à certains traitements. «Nous voulons améliorer les années de survie en bonne santé de patients qui ont encore une longue vie devant eux», plaide Nicolas Waespe, oncologue pédiatre, qui effectue la recherche, comme doctorant aux universités de Genève et de Berne. Cansearch regrette que moins de 2% des budgets alloués à la recherche oncologique aillent aux mineurs. Les internautes peuvent faire leur don ce dimanche entre midi et minuit sur Qoqa.ch.

Le dernier bonus de Tidjane Thiam, dans la SonntagsZeitung : A combien s'élèvera le dernier bonus du désormais ex-directeur général de Credit Suisse Tidjane Thiam? Le Franco-Ivoirien a présenté jeudi un bond de 69% du bénéfice net. Mais cette augmentation d'environ un milliard de francs est presque entièrement due à des effets spéciaux tels que la vente de maisons et l'appréciation des investissements. Normalement, ces effets sont déduits lors de la détermination de la prime, tout comme les amortissements ou les amendes ponctuelles. Pas cette fois, relève la SonntagsZeitung, ce qui ne semble pas plaire au conseil d'administration de la banque. Si l'affaire semble très technique, elle pourrait coûter des millions à Tidjane Thiam. Pour 2019, le banquier a reçu un salaire fixe de 3,35 millions de francs. Sa prime, dont les deux tiers sont basés sur les chiffres-clés mentionnés ci-dessus, s'est élevée à 9,5 millions de francs suisses. Le dernier tiers de son bonus, basé sur des critères souples, est également en danger à cause de l'affaire des filatures.

Les rats dans le Matin Dimanche : Ils courent, ils courent, les rats des villes. Les dératiseurs ont constaté une nette augmentation du nombre des rongeurs dans les égouts et canalisations de nos cités. «Depuis novembre, nous intervenons presque tous les jours contre les rongeurs», détaille Thomas Iseli, dératiseur chez Insekta à Brüttisellen (ZH) dans les pages du Matin Dimanche. Même constat chez Desinfecta à Deisswil (BE), qui dispose d’une centaine de centres d’intervention dans le pays. Les villes romandes ne sont pas épargnées par le phénomène. Cette prolifération pourrait être due au réchauffement climatique, notent les experts.