Présidentielle tunisienne : « Robocop », ultraconservateur… 10 choses à savoir sur Kaïs Saïed

Kaïs Saïed est au second tour de l’élection présidentielle en Tunisie.

Kaïs Saïed est au second tour de l’élection présidentielle en Tunisie. KHALED NASRAOUI / DPA PICTURE-ALLIANCE/AFP

Le juriste de 61 ans, qui se présente comme un candidat antisystème, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle tunisienne le 15 septembre.

En arrivant en tête du premier tour de la présidentielle tunisienne, dimanche 15 septembre, Kaïs Saïed, spécialiste de droit constitutionnel, a déjoué les pronostics. Selon des chiffres officiels communiqués ce mardi, il a obtenu 18,4 % des voix. Au second tour, le juriste fera face à Nabil Karoui, magnat des médias incarcéré depuis le 23 août, qui a recueilli 15,58 % des voix, a annoncé l’Instance électorale (Isie). Défenseur de la peine de mort, opposé à l’égalité femmes-hommes en matière d’héritage, Kaïs Saïed, universitaire sans parti de 61 ans, incarne aussi une option « hors système » qui a séduit l’électorat.

1. Antisystème

C’est ainsi que se présente lui-même Kaïs Saïed. A au moins deux égards, ce n’est pas faux. Le juriste prône en effet un changement du système de gouvernance actuel. Il souhaiterait supprimer les élections législatives directes et remplacer les députés par des représentants désignés indirectement par des élus locaux. Mais, surtout, Kaïs Saïed n’est pas un homme du « système », entendez du sérail, de ses influents qui appartenaient déjà à l’élite du pays au moment de la révolution de 2011. Un argument qui a séduit.

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2. « Robocop »

Traits figés, phrasé incantatoire, démarche rigide… le candidat arrivé en tête de la présidentielle incarne le droit et la justice jusque dans son expression physique. Une attitude autant qu’une manière de penser qui lui ont valu le sobriquet de « Robocop ».

3. Sans parti

C’est sur son nom propre que Kaïs Saïed a décidé de partir en campagne, sans l’appui d’aucun parti ni financement quelconque. D’ailleurs, le candidat n’a quasiment pas fait campagne en dehors des plateaux de télévision : ni meeting coûteux, ni affichage dispendieux. L’une de ses affiches a d’ailleurs été raillée sur les réseaux sociaux comme un entraînement au maniement de Photoshop.

4. Fan club

S’il n’a aucun appareil militant partisan, Kaïs Saïed n’est pas arrivé en tête de la présidentielle sans supporters. Il draine en effet derrière lui de nombreux jeunes, souvent d’anciens étudiants qui, conquis par les qualités de leur mentor, ont fait campagne pour lui.

5. Ultraconservateur… plébiscité par les femmes !

Selon l’institut Sigma Conseil, 22 % des femmes ont voté pour Saïed contre 20,4 % pour Nabil Karoui – quand les hommes ont davantage éparpillé leurs voix. Un choix qui peut paraître paradoxal tant le candidat affiche des positions si conservatrices qu’elles ont amené la militante des droits humains Bochra Belhaj Hmida à le qualifier de « salafiste ». Il s’est notamment prononcé rigoureusement contre l’égalité femmes-hommes en matière d’héritage, conformément à l’interprétation de la loi religieuse.

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6. Arabe classique

Contrairement à la plupart des autres candidats à la présidence qui s’expriment en arabe tunisien, Kaïs Saïed parle, lui, en arabe classique. Ce qui, pour certains lui confère une image un peu hautaine voire pédante, semble avoir au contraire rassuré un électorat séduit par l’image paternelle du savant, tout à fait en phase avec l’image qu’ils se font d’un président.

7. Sondages

Rien ne semblait prédestiner Kaïs Saïed à briguer la présidence tunisienne. Ce sont les sondages, qui le donnaient ces dernières années parmi les trois personnalités les plus populaires du pays, qui ont fini par le convaincre. Et l’issue du premier tour démontre qu’ils avaient raison.

8. Peine de mort

Tandis qu’un moratoire existe en Tunisie depuis 1991, Saïed s’est prononcé pour l’application de la peine de mort. Il dénonce, en outre, l’hypocrisie des Etats qui ont aboli cette peine mais opèrent des exécutions extrajudiciaires en dehors de leurs frontières.

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9. Régions du centre

C’est dans les régions plus populaires, voire sinistrées, du centre du pays que Saïed a rassemblé le plus de voix selon les premières estimations : Siliana, Zaghouan, Sfax…

10. Confusion

Petit moment de panique, dimanche, jour du scrutin : alors que le candidat était venu voter avec son épouse dans une école du quartier Ennasr à Tunis, les agents chargés de l’organisation électorale n’ont pas trouvé leur nom sur les listes. Ni complot, ni censure : le candidat s’était juste trompé d’école ! Les journalistes, eux, n’ont pas eu le droit de filmer la scène.

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